La Voyouse
Séverine THEVENET

Mamie Violette rentre dans les archives du Musée Gadagne à Lyon le 22 février

Une marionnette, un voyage, une transmission.
En arrivant à Paris, à 21 ans, que je suis frappée par une évidence : la solitude des personnes âgées. Ce questionnement sur la place des anciens dans notre société deviendra un fil rouge dans mon travail. D’abord marionnettiste pour la compagnie la Zita, je poursuis en parallèle mon travail de photographe. Une bourse pour un projet en Islande me conduit à un voyage initiatique, où je découvre une nature brute et une autre façon de raconter le monde. Là-bas, une marionnettiste islandaise m’offre un morceau de peau de mouton, un geste simple mais symbolique. Mamie Violette venait de naître en moi. À 30 ans, je crée Mamie Violette qui commence sa vie sur les places, dans les festivals, les marchés de Noël, interpellant les passants avec des mots tendres et rebelles.
Puis, Mamie prend une autre dimension. Elle s’invite dans les albums jeunesse, ouvre la discussion avec les enfants sur des thèmes profonds comme la mémoire, la vieillesse, la transmission. Dans les institutions, grâce à l’association "Envol d’enfance", elle devient un pont émotionnel pour des enfants en difficulté, un espace où les mots osent enfin sortir. Mais comme tout parcours, celui de Mamie connaît des ruptures.
En 2017, une séparation artistique marque un tournant. Puis vient *le Covid*, et avec lui, un questionnement radical sur ma place d’artiste. Refusant de jouer sous conditions sanitaires, je suis exclue de certains circuits culturels. Mamie devient alors un poids, un obstacle. J’envisage de l’enterrer. Puis un matin, une évidence s’impose :
le Musée Gadagne est sa place. Un lieu où elle pourra continuer d’exister, en dehors de moi, auprès du public. Aujourd’hui, Mamie poursuit son chemin. Quant à moi ? Je continue aussi. J’écris, je photographie, je questionne. Je me replonge dans vingt ans d’images argentiques jamais montrées.
Je raconte, toujours, avec les outils que je trouve sur mon chemin. L’art, pour moi, est une résistance à ce qui ne nous semble pas juste, une urgence, un acte libre.
Merci d’être là, et de suivre cette aventure.